Artisanat malgache : rencontre avec Francois et M. Ri

À quelques mètres du parc de l’Est à Antsirabe, une grande propriété blanche aux volets rouges et arborée d’un joli jardin floral abrite deux ateliers d’artisanat malgache, celui de François, peintre sur coton et la fabrique de broderie de Monsieur Ri. Tous deux invitent les plus curieux à pousser les portes de la maison pour découvrir leur art.

Madagascar sur la toile

En entrant dans la boutique de François, la couleur y est omniprésente et l’atmosphère accueillante. Des centaines de toiles tapissent les murs. Des paysages typiquement malagasy aux scènes de la vie quotidienne en passant par des corps longilignes ou des motifs plus graphiques, il y en a pour tous les goûts. Cet homme au regard pétillant saura vous livrer tous les secrets de son art avec passion.

Installé en 2016 à Antsirabe, François pratique la peinture sur coton depuis 20 ans. Il a appris aux côtés de son frère Apollone qui lui a transmis son savoir-faire. Aujourd’hui, c’est au tour de François de transmettre sa passion à son neveu. En fonction de la finesse du dessin, cet artiste utilise différentes techniques.

La première consiste à utiliser une colle appelée Gutta avec laquelle il dessine les contours sur une toile de coton tendue. Après séchage, il dépose au pinceau et avec doigté différentes couleurs obtenues en mélangeant des pigments et de l’eau. Le geste est précis et délicat. Il n’a pas le droit à l’erreur. La peinture se propage entre les fibres du tissu et la magie opère. Les couleurs se mélangent créant ainsi de jolies nuances. Plusieurs heures de travail sont nécessaires pour obtenir une jolie toile à exposer chez soi.

Artisanat Malgache - Art batik

Cet artiste talentueux d’arisanat malgache utilise également une deuxième technique à base de paraffine chaude appelée Batik qui signifie point ou encore goutte. Quand elle est déposée en la jetant du pinceau, la cire forme de petits points, d’où le nom. Il l’emploie pour des motifs plus imposants qu’il trace au crayon en amont. Le pinceau biseauté chargé de cire effleure le tissu et dessine de jolies courbes, le tout guidé par la main experte de François. Une fois le dessin terminé et la paraffine sèche, l’artiste colore le tissu par touches successives.

Les toiles ainsi obtenues n’attendent plus qu’à être exposées sur les murs des maisons pour se souvenir des richesses de la grande île rouge.

L’atelier de Monsieur Ri et ses brodeuses aux doigts de fée

Il suffit de passer dans la pièce d’à côté pour contempler les broderies raffinées qui ornent les nappes, les rideaux, les napperons et les habits proposés à la vente. Un autre trésor de l’artisanat malgache.

Broderie

Après une courte présentation, Monsieur Ri vous emmènera au deuxième étage, là où tout commence. Bertine assise sur le sol, tamponne d’une poudre bleue une matrice faite de papier isolant de transformateurs marquée d’un motif poinçonné, le tout positionné sur un tissu. Quelques coups brefs et le dessin est tracé. L’étape d’après se poursuit au rez-de-chaussée. Une dizaine de brodeuses, les yeux fixés sur les tissus manient les aiguilles et les fils de couleur avec délicatesse. Chacune a sa spécialité. L’une brode des motifs floraux, une deuxième les animaux, d’autres les personnages. Les techniques varient aussi : certaines utilisent le point de Richelieu et d’autres le point de Croix.

La qualité de ces broderies fait de l’atelier un endroit reconnu dans tout le pays.