Récit de voyage : Priscilla et son enfance à Madagascar

Priscilla est originaire de Madagascar et a grandi dans le sud-ouest de l’île, plus précisément dans la ville de Tuléar. Arrivée depuis peu en France, elle rejoint l’aventure Grandira en tant qu’assistante communication au sein de l’équipe et nous partage son enfance en tant que fille de l’île.

J’ai vécu 24 années de ma vie sur l’île. Mon père partait souvent en mission dans différentes régions et nous emmenait, mes sœurs et moi, là où il était affecté. J’ai ainsi eu la chance de voir et de vivre un peu partout à Madagascar. 

À l’obtention de baccalauréat, je me suis installée à Fianarantsoa afin de poursuivre mes études. Pendant plus de cinq ans, j’ai fait d’innombrables allers-retours entre Tuléar et Fianarantsoa, la RN7 aujourd’hui n’a plus de secret pour moi.

Ton plus beau souvenir ?

Sans aucun doute, les réunions familiales festives et très animées. Dans le Sud-Ouest, chaque rassemblement est une occasion de célébrer et de profiter en famille. 

Pour ces occasions, les hommes se lèvent tôt pour se rendre au marché du bétail à l’entrée de la ville et ramènent une chèvre. Les tâches nécessitant de la force sont généralement dédiées aux hommes. Les femmes, quant à elles, s’occupent du marché aux légumes et de la cuisine. 

Je me rappellerai toujours l’atmosphère. D’un côté, les hommes qui s’occupent sérieusement de la cuisson de la viande et de l’autre, les femmes qui bavardent et rient joyeusement tout en étant baigné dans la musique. Tandis que les enfants s’amusent au loin, pieds nus.

Viande cuit au feu

Ton fruit préféré quand tu étais à Madagascar ?

Les figues de Barbarie, un fruit qui ne pousse que dans les pays souvent désertiques et au climat très chaud.

À Tuléar, il pousse partout et c’est un fruit très apprécié par la population locale. Étant jeune, j’en mangeais en grande quantité après les cours. Malgré certaines idées reçues, c’est un fruit au goût exquis et juteux qui mérite le détour ! 

Les figues de Barbarie retrouvé dans le sud-ouest de Madagascar

Ce qui te manque le plus depuis que tu es en France ?

Sans aucun doute, les patates douces à la braise au petit déjeuner. Dès mon plus jeune âge, j’ai pris l’habitude de les déguster avec une boisson très populaire dans cette partie de l’île. On l’appelle « abobo » ou aboubou en français. C’est un lait fermenté avec un goût spécial lorsqu’il est mélangé aux patates douces et au sucre ! 

Dans le sud, la cuisson de ces légumes est un art que les Antandroy, l’une des ethnies présente dans le sud, sont les seuls à maîtriser. À chaque saison, j’en achetais au moins trois fois par jour et j’en profitais pour faire connaissance ou juste discuter, ce qui en faisait une activité plaisante !

Ton mets malgache préféré ? 

Le vary aminy anana, la base ! C’est une sorte de soupe de riz que nous, les Malgaches, nous mélangeons avec des brèdes. J’avais l’habitude d’en manger soit au petit-déjeuner, soit au dîner et souvent accompagné de saucisses ou d’omelettes. Le goût est indescriptible et c’est un plat qui réchauffe en saison hivernale.

C’est un incontournable de la cuisine malgache. Essayez-le si vous avez l’occasion, vous ne serez pas déçu !

Ta ville préférée à Madagascar ?

Dur de faire un choix, chaque région a sa particularité qui la rend unique. Étant née et grandie dans le sud, je suis particulièrement attachée à cette partie de l’île, malgré les merveilles que les autres villes ont à offrir. 

Durant la période des “ tsioky atimo ” ou “vent du sud », le vent souffle fort en provenance du sud d’où le nom et plonge la ville dans une tempête de sable.

Et attention aux poussières qui s’infiltrent ! Nous avions l’habitude de sortir avec des lunettes de soleil et des turbans pour les femmes en guise de coiffure protectrice.

Bien qu’aujourd’hui les tempêtes de sable se fassent rares, c’est une caractéristique qui fait le charme du sud ou “le Dubaï version malgache ” le terme que nous aimons employer par moment.

Mais outre ses dunes, ses belles plages, les courses de pirogues pendant les carnavals, c’est surtout l’hospitalité et l’ambiance qui fait que c’est l’une de mes villes préférées.

Ton paysage préféré ?

À quelques kilomètres avant d’entrer dans la ville de Tuléar, se dresse une montagne massive qu’on appelle “Andatabo” ou la table. De son point de vue, nous pouvons voir toute la ville et les plages.

Un paysage à couper le souffle ! J’y allais souvent et à différents moments. Le meilleur moment, c’est soit au lever du soleil, soit en journée ou encore le soir pour admirer le spectacle qu’offrent le ciel et les étoiles, en plus des lumières provenant de la ville et la mer à l’horizon. 

Des petits chalets sont mis à disposition gratuitement et nous laissent la possibilité de venir en profiter en famille ou entre amis autour d’un pique-nique ! 

Que pourrais-tu dire aux voyageurs qui hésitent à partir à Madagascar ?

Il est normal d’hésiter au début. Je ne peux vous dire qu’une seule chose : foncez.

Les Malgaches sont un peuple chaleureux et avec une joie de vivre contagieuse. Se laisser porter par l’aventure à Madagascar est une expérience qui vous marquera à jamais.

Vous ne serez pas seulement fasciné par sa richesse au niveau de sa biodiversité, mais vous serez également émerveillé par la culture et traditions malgaches.

Vous allez découvrir lors de ce voyage la raison pour laquelle notre île est souvent appelée “terre de mixité”. Et petit indice : c’est la mixité de nos ancêtres qui a influencé notre cuisine, nos coutumes et surtout notre langue !

Un conseil pour les voyageurs à Madagascar ?

Les malgaches peuvent se montrer fiers parfois, mais ils sont faciles à amadouer, surtout quand on s’y prend bien. 

Nous apprécions particulièrement les touristes qui essaient de s’intégrer et ouverts d’esprit. Pour cela, rien de tel que de tester la cuisine locale, ou encore respecter les fady et les traditions, mais également parler quelques mots en malgache.

Un geste qui peut paraître anodin, mais qui fait une grande différence et c’est très apprécié !

Un coups de cœur ? 

En décembre 2020, je me suis aventurée jusqu’à Andavadoaka. Une zone peu connue de la région et qui est à quelques kilomètres de Tuléar.

Les plages y sont magnifiques et le paysage à couper le souffle, un vrai paradis ! Le sable est si fin et si blanc, presque irréel à mes yeux. Aujourd’hui, quand je pense « plage », c’est le décor qui me vient directement en tête.

Ta boisson préférée ? 

Difficile de faire un choix… Mais les jours de canicule, il faut absolument tester les jus de citron et les jus de tamarins !

C’est incroyablement rafraîchissant et 100% naturel. Ils sont préparés et vendus le jour même. Entre midi et 16 h, j’adorais faire le tour des épiceries pour en acheter, mais il arrivait qu’on en prépare nous-mêmes.

C’est une boisson facile à préparer, nous n’avons besoin que de trois ingrédients : de l’eau, du sucre et du tamarin ou du citron ! 

Une activité que tu recommandes dans le sud ? 

Sans hésiter : faire un tour en voiture jusqu’à Andaboy et ses dunes !

C’est un endroit magnifique, surtout au coucher du soleil pour contempler le paysage. Le sable et le ciel se teintent d’une lumière orangée, la température baisse et rend la promenade très agréable !

Les must-have à ne pas négliger : apporter des en-cas et de la musique pour l’ambiance !

Pas de souci concernant le bruit… Peu de gens s’y rendent en même temps et l’intimité sera au rendez-vous, parfait pour profiter entre amis ou en amoureux ! À certaines occasions, des événements s’y déroulent. Notamment des courses de moto ou encore des spectacles géants, etc.

Un moyen de transport ?

Les cyclo-pousse bien sûr ! C’est le moyen de transport favori des “Tuléarois”, notre terme favori pour désigner la population locale !

Je le recommande vivement. Dans le sud, nous en profitons pour échanger avec le conducteur. Le trajet devient plus gai, les sujets de conversation sont variés et c’est un moyen de s’informer sur tout ce qui se passe.

Comme ils sillonnent la ville toute la journée, ils sont à l’affût des nouvelles. Vous aurez aussi la possibilité de tester la convivialité des gens du sud.

Moyen de transport à trois roues sans moteur

Pourquoi la RN7 ? 

J’ai consacré beaucoup de temps à parcourir la RN7, cette route fait partie de moi. Je connais des endroits intéressants qu’il faut absolument découvrir pour immortaliser votre voyage.

Que ce soit en descendant ou en remontant, la diversité luxuriante des paysages offerts par Madagascar m’a toujours captivée.

En une journée, je pouvais passer des rivières en terrasse aux plages et aux dunes. En roulant sur la route, le paysage se métamorphose petit à petit, de quoi nous divertir en chemin !

Madagascar - Route de l’isalo sur la RN7

Ton moment préféré à Madagascar ?

À Fianarantsoa, nous nous rendions souvent au « point de vue » pour admirer le paysage depuis les hauteurs. Situé près du centre-ville, sur une montagne accessible en voiture, cet endroit offre une vue magnifique sur la ville.

Le lever du soleil est le moment parfait, quand les premières lueurs éclairent l’horizon, offrant une vue époustouflante entre ciel et terre.

Ce spectacle mêle le contraste entre la nuit persistante, avec les lumières encore allumées dans les foyers, et les premières lueurs du jour, créant une atmosphère impressionnante.

Nous en profitions pour respirer l’air frais du matin et savourer ce moment de tranquillité. Une sensation de sérénité m’envahit à chaque fois que je m’y rendais, c’est un souvenir qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Des spots à partager ?

À force de faire la RN7, de Tana ou de Fianarantsoa pour aller dans le sud ou inversement. Je peux dire que je connais très bien cette fameuse route et les sites où faire sa pause photo. 

Mes spots préférés sont après Ihosy ! Je pouvais déjà me sentir comme à la maison à mesure qu’on se rapprochait de notre destination.

La RN7 après Ihosy

Premier arrêt, le rocher d’Ifandana surnommé “le chapeau de l’évêque “ due à son aspect spécial en forme de chapeau, c’est un site sacré pour les Betsileo.

Considéré comme étant “la porte du grand sud”, il marque la fin des hauts plateaux et la transition vers la région sud. Il est si imposant qu’il est impossible de le rater ! Les voyageurs sont peu intéressés par ce site et pourtant, il est impressionnant. 

Un autre rocher qui mérite un arrêt : “la reine de l’isalo”, ce rocher aux formes d’une silhouette à la tête couronnée a inspiré la monnaie malagache.