A la découverte du papier d’Antemoro et du raphia crochet

Dans la rue qui mène au parc de l’Est à Antsirabé, l’atelier de Fanja invite les promeneurs à découvrir la fabrication du papier d’Antemoro et l’art du raphia crochet, deux savoir-faire qui font la renommée de la grande île rouge.

LE PAPIER D’ANTEMORO, UN SAVOIR-FAIRE VENU D’ARABIE

[irp posts= »4848″ name= »Cornes de zébu et objets miniatures à l’honneur au marché des artisans »]

Reconnaissable à sa qualité et à son originalité, ce papier tire son origine de celle du papyrus. Découvrons son histoire et les étapes de sa fabrication.

Artisans - papier antemoro-1

Selon un manuscrit arabico-malgache datant du XVIème siècle et conservé à la Bibliothèque nationale de Paris, l’histoire raconte qu’un boutre venu d’Arabie, fit naufrage sur les côtes Est de Madagascar. Les marins musulmans voulurent conserver les versets de leur manuscrit sacré. Détenant les secrets de fabrication du papyrus, ils partirent à la recherche d’une plante similaire et découvrirent l’Avoha, arbuste de la famille des mûriers. De cette plante, ils en tirèrent une pâte permettant la fabrication d’un papier cartonneux mais solide. Ils en profitèrent pour convertir les Antemoros, peuple de la région, et les obligèrent à retranscrire les lignes du Coran sur ce nouveau type de support. Des siècles plus tard en 1936, M. Pierre Matthieu, un planteur de café français, réussit à déceler les secrets de fabrication de ce papier et étendit sa production à plus grande échelle. Il s’installa à Ambalavao pour améliorer le principe de fabrication et donner au papier d’Antemore une seconde vie.

Dans l’atelier de Fanja, Gilbert décore de pétales de fleurs fraîches des rectangles de pâte de papier. Il tire ce savoir-faire de son père et de son grand-père qui lui ont transmis. Il est aujourd’hui le créateur de tous les produits vendus dans la boutique.

Pour produire ce papier de qualité, les écorces d’Avoha sont plongées dans une eau bouillante mélangée à de la soude caustique pendant 5 heures. Après cuisson, Gilbert obtient une bouillie qui sera ensuite lavée, rincée et écrasée au pilon. Divisée en boule, la pâte est diluée dans de l’eau et versée dans un tamis lui-même plongé dans une cuve pleine d’eau. L’artiste répartit à la main la pâte uniformément sur toute la surface. Puis il laisse écouler l’eau du bac dans le but d’obtenir une fine couche de papier régulière au fond du tamis. L’étape suivante consiste à déposer délicatement quelques fleurs sur la pâte encore humide.  Pour finir, il recouvre le décor floral d’une fine couche de pâte diluée avant de laisser l’ensemble sécher au soleil. Les feuilles ainsi obtenues serviront dans la composition de cartes postales, d’albums, de livres d’or, de papiers à lettre, de pochettes et plus encore.

LE RAPHIA, UN FIL PAS COMME LES AUTRES

[irp posts= »4834″ name= »Rencontre avec Francois et M. Ri, artistes au marché des artisans »]

Dans la même cour se trouve aussi la fabrique d’objets en raphia. Ce fil tire son nom du palmier Raphia ruffia ou Raphia taedigera, plante largement répandue en bordure des forêts tropicales d’Afrique occidentale et centrale ainsi qu’à Madagascar. Le fil est obtenu en prélevant le dessous très tendre des feuilles avant qu’elles n’atteignent leur taille définitive. Les fibres translucides sont ensuite nouées et séchées au soleil. La dernière étape consiste à les fendre dans le sens de la longueur afin d’obtenir un filament soyeux.

[irp posts= »4889″ name= »À Ambohijatovo, une cascade gronde »]

Les trois tricoteuses de l’atelier, Elia, Dina et Fanja, munies de leurs crochets, manient les fils de raphia avec dextérité. Elles les enroulent, les nouent… les mailles se succèdent et l’objet prend forme. Encore quelques derniers coups de ciseaux et un nouveau chapeau prend place dans la boutique. Trois jours ont été nécessaires pour le réaliser. Elles confectionnent également des sacs et des paniers et peuvent même faire du sur-mesure selon les désirs de leurs clients.